musique camerounaise

Publié le par segnou siéwé

 

 

 

Procès de la musique camerounaise

 Par Segnou Siéwé


Du 10 au15 Décembre 2007, se sont célébrées au Cameroun, les journées camerounaise de la musique (Jcm). Il importe d'abord de saluer respectueusement la mémoire de l'initiateur de cette festivité consacrée à la musique camerounaise : Tom Yom's. Bien que ce grand artiste nous ait quittés, l'histoire retiendra quand même qu'avec ces Jcm, il a participé à la promotion de la musique camerounaise. Musique qui, nous le savons tous, traverse une période de crise depuis près de vingt ans.

Ainsi, dans cette réflexion, il ne s'agit pas de faire une fixation sur les Jcm, mais de faire un arrêt sur la musique camerounaise. Mais cet arrêt se veut critique. Car si la musique camerounaise est en crise, seul un regard froid et une critique sans complaisance pourraient permettre de mieux remonter aux sources du mal qui la détruit.

Alors qu'est ce qui fait problème dans la musique camerounaise ? Pourquoi cette musique n'arrive-t-elle pas à s'imposer sous d'autres cieux comme les autres musiques viennent s'imposer chez-nous ? Pourquoi perd-t-elle de plus en plus de sa valeur ?

Aux origines du mal

Trois raisons principales expliquent le déclin de la musique camerounaise. La première est liée à la manière par laquelle on devient artiste musicien au Cameroun. Aujourd'hui, la musique au Cameroun est devenue un refuge de cancres. Quand on constate qu'on a tout échoué dans la vie, on se lance dans la musique. Et c'est comme ça qu'on chante n'importe quoi. François Misse Ngoh qui explique bien ce fait. Dans une émission sur les antennes de la Crtv l'année dernière, il a affirmé que si les jeunes aujourd'hui ne chantent pas bien, c'est parce qu'ils vont vers la musique alors que c'est la musique qui doit aller vers eux. Autrement  dit, ces jeunes forcent le talent musical. Aujourd'hui, on ne chante plus par amour et par don inné. C'est pourquoi on ne fait plus de la musique qui résiste au temps comme la faisaient les grands artistes de l'ancienne génération.  

La deuxième raison porte sur le concept même de "Musique camerounaise". En fait, qu'est ce que la musique camerounaise ? Est-ce une musique faite par un artiste de nationalité camerounaise ou alors est-t-elle un style propre aux cultures camerounaises ? Il est grand temps définir réellement ce qu'est la musique camerounaise.

En effet, quand on écoute certaines musiques au Cameroun, on se demande parfois ce qu'elles ont de Camerounais. Car en réalité, il s'agit de pales copies des musiques étrangères. Et du coup, l'authenticité de nos rythmes locaux se trouve sérieusement affectée. Le Makossa, le Bikutsi, le Benskin, l'Assiko (…), qui ont fait danser le Cameroun et l'Afrique dans les années 1980 et le début des années 1990, perdent de plus en plus de leur authenticité, pour laisser la place à des rythmes méconnaissables. Et les auteurs de telles déformations prétendent qu'ils font des rythmes camerounais.

Pour nous, ce n'est pas parce qu'on est camerounais qu'on fait de la musique camerounaise. On peut être camerounais et faire de la musique étrangère. Cela dit, la musique camerounaise doit se définir comme un style, un rythme issu des cultures camerounaises. Par exemple, il y a une manière authentique de faire du Mokossa, du Bikutsi, etc … Si donc un artiste prétend faire dans ces rythmes, il doit se mettre à l'école de ces rythmes ; et non les déformer et les dénaturer comme le font beaucoup de jeunes "artistes" aujourd'hui. Et s'il veut innover, ce qui est bien, cette innovation prendre racine dans les profondeurs des cultures, des traditions et des mœurs camerounaises, et non étrangères.

La troisième raison de la chute de la musique camerounaise est liée à son contenu, c'est-à-dire aux thèmes évoqués dans cette musique. Les thèmes évoqués dans la grande majorité des chansons ne s'accommodent pas aux préoccupations réelles de notre société. Les messages ne sont pas constructifs, éducatifs ou critiques. On passe le temps à raconter les histoires de sexe, des histoires d'amour, et même de n'importe quoi.

Or si nous admettons avec André Malraux que tout art cache une remise en question du monde, alors tout artiste se doit de poser des problèmes dans ses œuvres. Les gens souffrent, mais presque qu'aucun artiste camerounais ne relate ces souffrances dans ses œuvres musicales. Lapiro de Mbanga est l'un des rares, sinon le seul qui fait de la musique engagée.

En réalité, la musique engagée est celle qui devrait primer dans un pays déstructuré et mal dirigé comme le nôtre. Les souffrances du peuple devraient être la principale source d'inspiration de nos chanteurs. En Côte d'Ivoire par exemple, la plupart des artistes chantent pour dénoncer les fléaux de leur pays. Et nous voyons comment la Côted'Ivoire bouge. Quoi que l'on dise, la musique a contribué quelque part à la pacification de ce pays.

Pourquoi donc chez-nous les artistes musiciens sont si muets en ce qui concerne les problèmes du pays ? Ils sont si muets qu'ils sont incapables de chanter pour dénoncer la piraterie des œuvres musicales qui leurs fait tant de mal. Oui ! Aucun artiste camerounais n'a encore chanté pour fustiger cette piraterie qui détruit notre patrimoine culturel. Pourquoi donc cette hantise pour l'art engagée ? Les musiciens camerounais ont-ils conscience de leur rôle social ?

Le rôle social de l'artiste

L'artiste doit être le défenseur des opprimés. Il doit, dans ses œuvres, ressortir toutes les frustrations cachées dans les esprits des opprimés. Cela permet leurs de se consoler et de garder l'espoir qu'un jour les choses changeront. En dénonçant aussi les oppresseurs, cela peut conduire à un changement.

De tout temps, et partout dans le monde, tel a toujours été le rôle de l'art : être le reflet des problèmes de son époque. Et dans le cas du Cameroun, il s'agit des problèmes d'ordre politique. Puisque si ce pays va mal, la cause principale est politique. Et seule une musique engagée peut permettre l'émergence d'une prise de conscience au sein des masses et une mobilisation pour le changement.

Bien sûr, nous ne disons pas qu'il ne faut faire que la musique engagée. Nous disons qu'elle doit être privilégiée. Nous pouvons faire comme les Ivoiriens qui ont su faire de la musique ambiancée tout en y posant des problèmes de leur pays.

Donc en définitive, la musique camerounaise est en perte de vitesse parce que n'importe qui peut y entrer, même sans talent naturel au préalable. Ensuite parce que cette musique perd de plus en plus son authenticité. Et enfin, parce que cette musique ne pose pas les problèmes profonds de son époque. Il nous faut donc de vrais artistes qui doivent chanter pour dénoncer sans complaisance aucune, les fléaux qui minent la société camerounaise.  

              

      

 

 

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M
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M
Je suis sûr que la musique camerounaise à encore de très beaux jours devant elle.<br /> <br /> C'est pourquoi je vous invite sur le site http://www.assorac.com/<br /> afin de découvrir comment les œuvres de nos chers frères et sœurs camerounais sont mis en valeur.
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D
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R
<br /> Bon article. J'aime surtout la façon dont vous fêtes hommage au Grand Tom Yoms, paix à son âme. C'est claire que la musique Camerounaise s'est quelque peu déroutée, et que la majorité des artistes<br /> font dans du commercial et chante du n'importe koi. Aucun message aucun fond.<br /> Je pense personnellement que c'est une grande perte pour notre culture qui est si riche, car tous les chanteurs veulent faire ce qui passe au marché.<br /> <br /> <br />
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