ZIMBABWE

Publié le par segnou siéwé



Robert MUGABE, l'homme qui tient tête aux grandes puissances



Georges BUSH



Gordon BROWN



Nicolas SARKOZY



LES DONNEURS DE LEÇONS …



Par Segnou Siéwé

 


Le Zimbabwé, depuis plusieurs jours, tient la tête de l’actualité au plan africain et mondial. Ce qui met le Zimbabwé au devant de l’actualité ce n’est pas l’épidémie de cholera qui s’y vit depuis le mois d’Août et qui a déjà fait plus de 1 000 morts, mais les multiples appels des puissances occidentales au départ du président Robert Mugabé.

En effet, le président zimbabwéen essuie depuis quelques semaines des attaques venant des présidents des pays occidentaux, et pas les moindre, à savoir les Etats-Unis, l’Angleterre et la France principalement. Ils exigent son départ du pouvoir pour incompétence. Car d’après Georges Bush, Gordon Brown et Sarkozy, Mugabé est à l’origine des malheurs du peuple zimbabwéen.

C’est ce que l’ambassadeur des Etats-Unis au Zimbabwé a  démontré au journal sud-africain Sunday Times en ces propos : « Que fait le régime de Mugabe? Il est train d'acheter des centaines de voitures afin que chaque ministre ou gouverneur puisse disposer de multiples véhicules. Il est en train d'acheter des télévisions à écran plasma pour les juges … Au lieu de se servir des rares ressources pour se procurer des produits de purification de l'eau qui pourraient arrêter l'épidémie de choléra, ils manipulent la monnaie à leur profit personnel …La situation est vraiment grave. Un seul homme entouré de sa bande tient le pays en otage et le Zimbabwe est en train de tomber rapidement au niveau d'un Etat défaillant ». Il conclue : « Il est temps que Mugabe s'en aille. Il n'est plus utile au Zimbabwe ». L’acharnement sur Mugabé est d’autant plus fort que les Etats-Unis et de la Grande-Bretagne ont fait pression sur le Conseil de sécurité pour qu’il  traite du cas Zimbabwe lors de sa réunion du lundi 15 décembre. N’ayant pas pu obtenir l’adoption d’une déclaration du conseil de sécurité condamnant l’incapacité du régime Mugabé à proteger la population de la fin et de la maladie, à cause de l’opposition de l’Afrique du Sud, les occidentaux envisagent de faire une nouvelle tentative en janvier, lorsque l’Afrique du Sud aura quité le conseil de sécurité.

Il faut dire qu’il s’agit là d’un véritable déferlement tout azimut des grands de ce monde sur un chef d’Etat d’Afrique et son régime. Mais la question est : de quoi se mêlent-ils ? Qui sont-ils pour décider de qui doit partir du pouvoir ou y rester ? Se soucient-ils vraiment des souffrances du peuple zimbabwéen ?


Reforme agraire
Ces questions méritent d’être posées car nous sommes là en présence d’une ingérence politique injustifiée ni sur le plan légal, ni sur le plan moral. La seule justification que nous savons c’est la fameuse réforme agraire appliquée par Mugabé dans son pays, et qui a dépouillé les Blancs des terre dont ils disposaient, au profit des zimbabwéens massivement pauvres.

En 1980, en effet, environ 6.600 fermiers blancs possédaient ainsi de 47 % des terres agricoles, conformément aux termes du Land Tenure Act de 1969, qui leur réservait la moitié des terres. En 1996, 4 500 fermiers blancs possédaient encore à cette date environ 30 % des terres cultivables du pays, cultivant blé, arachides et tabac et dont le chiffre d’affaire représentait plus de 50 % du PIB. En  1999 et 2000 Mugabé a entrepris les premières expropriations de ferme appartenant à des blancs. Depuis, par l’expropriation des fermiers blancs, la moitié de ces terres ont été morcelées ou redistribuées en dépit du bon sens à des amis du régime ou à des fermiers noirs. De nombreux blancs ont alors émigré vers l’Australie, la Zambie, l’Afrique du Sud ou l’Angleterre.

C’est simplement pour cette raison que Mugabé et son régime sont sous le collimateur des puissances occidentales. Il a osé ce que très peu de chefs d’Etat en Afrique auraient osé à savoir s’attaquer aux intérêts des Anglais et partant, des occidentaux. Et c’est au nom de ces intérêts perdus qu’ils demandent aujourd’hui le départ de Robert Mugabé. Les raisons de mal gouvernance et d’épidémie de cholera ne sont que des prétextes.


Jeux d'intérêts
Ainsi, cette situation traduit le mépris et l’infantilisation avec lesquels les puissances occidentales traitent les chefs d’Etat africains. Comment un chef d’Etat peut-il demander le départ d’un autre ? L’occident a toujours eu cet art de traîner dans la boue l’image des chefs d’Etat d’ Afrique qui se sont montrés « rebelles » à leurs yeux ou qui  menacent leurs intérêts. Lorsqu’on préserve leurs intérêts, on est un président démocrate ; mais lorsqu’on les remet en cause, on devient un dictateur. Nous ne voulons aucunement ici dire que Mugabé a les mains propres. Nous dénonçons simplement ce comportement de ces chefs d’Etat occidentaux qui se posent en donneurs de leçons alors que eux-mêmes ne sont pas des models.

Il y a sur le continent africain de nombreux dictateurs qui spolient leurs peuples et les privent de leurs droits (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée, Togo, Tchad, etc) ; mais pourquoi ne voit-on que Mugabé ? Il y a partout dans le monde des morts, des pauvres, des affamés (Irak, Afghanistan, Soudan etc) ; mais pourquoi ne voit-on que le Zimbabwé ? En 1994 un génocide a causé la mort de près d’un million de Tutsi au Rwanda. Si les grandes puissances se soucient tant du sort des populations, pourquoi n’avaient-elles pas réagi ? Pourquoi avaient-elle laissé se produire ce désastre humanitaire ?

Bush qui donne des leçons de gouvernance aujourd’hui à Mugabé n’est-il pas le président le plus impopulaire de tous les présidents des Etats-Unis ? Il est allé en guerre en Irak contre la volonté du peuple américain et du monde entier et il traite un autre président de dictateur ? Ces grandes puissances qui s’acharnent sur Mugabé sont, on le sait, ceux qui soutiennent et ont toujours soutenu des régimes corrompus et dictatoriaux d’Afrique et du monde ; bien sûr, quand ceux-ci servent leurs intérêts. Le régime cruel et prédateur de Mobutu a été soutenu pendant près de trois décennies par les Etats-Unis. Quand il ne leurs servait plus à rien, ils on provoqué sa chute. Il en est de même avec Saddam Hussein. Aussi, la France qui fait la morale aujourd’hui à Mugabé est le pays qui fait et défait des régimes en Afrique noire francophone principalement. On l’a vu à l’œuvre en côte d’ivoire. De plus, Sarkosy avait promis de mettre fin à cette Françafrique qui ne cesse de décimer l’Afrique et il ne l’a jamais fait. Et aujourd’hui, il feint de se soucier du sort des Zimbabwéens.

D’autre part, les rues des villes des Etats-Unis sont jonchées de personnes sans abris et Bush vient dénoncer au grand jour la gouvernance et le problème du cholera au Zimbabwé comme si c’est le seul pays au monde à connaître une épidémie et une mal gouvernance. D’ailleurs, reste à savoir si ce cholera n’a pas été introduit au Zimbabwé comme le disait le régime de Mugabé.

En outre, des gens meurent tous les jours en Irak à cause d’une guerre impérialiste imposée par Georges Bush et ses lobbies pétroliers au peuple Irakien et au monde entier. Depuis la chute de Saddam Hussein, la guerre n’est toujours pas finie. Pourtant, c’est le renversement de Saddam Hussein qui avait été la justification officielle de l’invasion militaire de l’Irak par la coalition. Et aujourd’hui, cette même coalition menace aussi de renverser Mugabé par la force. N’est ce pas un autre chaos qu’ils préparent dans ce pays ?

De toutes les manières, nous savons que ses pressions faites sur Mugabé et son régime n’ont aucun fondement humanitaire. Ce ne sont pas les victimes du cholera et les autres problèmes observés au Zimbabwé qui préoccupent les puissances occidentales ; mais c’est le renversement d’un président qui a osé  faire perdre l’emprise de l’Angleterre et des Etats-Unis sur son pays, et l’imposition d’un régime au service de leurs intérêts.

Sous ce rapport, nous adoptons la position de l’Afrique du Sud qui s’est opposé à l’ONU à toute prise de sanction contre le Zimbabwé et qui ne soutient pas les appels internationaux en faveur de la démission de Robert Mugabé. Nous précisons que nous ne sommes ni pour, ni contre Mugabé. Nous estimons que si Mugabé doit partir, c’est au peuple zimbabwéen de décider. Aucun chef d’Etat n’a le droit de donner des leçons à un autre tant que lui-même ne prêche pas par l’exemple, et tant que les fondements de son ingérence sont la quête des intérêts et non le souci réel du sort des populations.

  

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